Ce n’est pas un secret, chez Synthspiria vous vous doutez qu’on adore Electric Dragon. Mais en réalité, vous êtes loin du compte : on l’aime carrément d’Amour avec un grand « A ».
Et pas uniquement parce que c’est un tueur musicalement parlant (on se rappelle tous de Covenant, son premier album, qui a bien calmé tout le monde en 2016).
Non, si on l’aime aussi si fort, c’est parce que humainement c’est un mec extraordinaire. Il a beau être un musicien connu (il a participé à Vallenfyre, le side-project de Gregor Mackintosh de Paradise Lost… Excusez moi du peu), il s’est montré ultra sympa et chaleureux avec nous lorsque nous lui avons demandé un morceau pour notre Memories of Giallo.
Alors OK, je vous vois venir d’ici : “ouais mais forcément vous allez dire que vous aimez l’album c’est votre pote ! Bande de batards nepotiques !”.
Ce à quoi je réponds : “Sérieusement : on parle d’Electric Dragon là. Dans quel monde vous pouvez imaginer qu’il sortira une daube ?”.
Baptême du Feu (dans les Flammes de l’Enfer)
On raconte que Vlad III, dit l’Empaleur, avait installé sa chambre au dessus de sa salle de torture perso : les cris désespérés de ses prisonniers l’auraient aidé à s’endormir la nuit. Perso, je le comprends parfaitement : la version 2017 de cette pratique consiste à aller stalker ses exs sur Facebook pour s’assurer qu’ils/elles ont bien une vie de merde aujourd’hui. Juste avant de fermer les yeux, dans la chaleur de son lit, c’est top.
Pour en revenir au sujet, Communion commence avec Burial Ground. D’abord ultra-ambiant avec des synthés ultra-spookies (qui me rappellent la BO du Lac des Morts-Vivants), des pleurs, des supplications et des hurlements, le morceau part sans prévenir avec une violence terrible et une “épaisseur sonore” rappelant la Slasherwave de Gost mais en plus posé niveau Tempo. Pas besoin d’y aller vite pour y aller fort.
Electric Dragon a fait un régime aux stéroïdes et a décidé de tout réduire à néant sous le poids de ses lignes de Synthé : accrochez-vous, le ton est donné !
Et quand on sait que le cerveau derrière le Mastering n’est autre que Volkor X, on ne peut que s’attendre à encore plus fort !
On ne me la fait pas deux fois à moi, alors quand Carrion a commencé avec le doux croassement des corbeaux et leurs “joyeux” battements d’ailes, je m’attendais à me recevoir un de ces magnifiques volatiles lancé à 110 km/h dans la gueule. Mais non, toujours aussi sombre, glauque et terrifiant, ce morceau dégage lui un groove du tonnerre qui donne envie de danser avec ces oiseaux… Mais n’oubliez pas que vous avez encore les pieds dans un charnier rempli de corps décomposés… Ou pas encore… Ou peut-être un peu… A moitié décomposés on va dire.
Dès les premières secondes de Lurker, on retombe dans une ambiance poisseuse et anxiogène… et ce n’est pas vraiment mieux quand la basse tabasse et que les riffs de synthés tranchent comme une guitare rythmique. Là encore, difficile de résister à un tel assaut, mais même dans les moments les plus sombres, on peut voir la lumière : et c’est exactement ce qui arrive à mi-chemin du morceau…
Même si ce n’est qu’un faux espoir, l’horreur rattrape finalement l’auditeur et le laisse en charpie éparpillé façon Jackson Pollock.
Mais avec le sourire aux lèvres quand même.
Chemin de Croix (inversée)
Plus Horror Synth “classique”, Defilement nous laisse un peu ramasser les morceaux et nous reprendre avec une mise en scène travaillée aux multiples détails horrifiques. Écrasant sur sa fin, la basse donne envie de headbanger à s’en casser la nuque. Electric Dragon savait être violent et heavy sur Covenant, son premier album, mais là c’est autre chose : il a assimilé, digéré et adapté à son son tout ce qu’il y a de plus lourd dans la Darksynth et le résultat est digne des plus belles enclumes de la scène.
De quoi ratatiner quelques faces en live.
Toujours dans le thème voyage horrifique, Crystal Cavern nous emmène dans un lieu plus magique, plus beau, plus lumineux mais toujours aussi dangereux. Le contraste des lignes de synthés très basses et des sons plus clairs et des multiples tintements donne un sentiment de malaise et de danger imminent : « C’est joli, mais on va crever bientôt ».
Je vais d’ailleurs faire un petit parallèle avec le monde du jeu-vidéo qui m’est très cher comme vous le savez. Cristal Cavern, c’est un peu ça en musique :
C’est maintenant au tour du morceau Communion de casser la baraque. Avec ses explosions sourdes et ses percus très lentes, on a un résultat hypnotique version “lavage de cerveau”. Et quand la mystérieuse voix d’une femme se fait entendre, on pense à la superbe pochette d’AtomCyber et on se dit qu’on est tombé en plein dans une cérémonie qui ne doit pas être très chrétienne.
D’un autre côté, y’a une femme nue (peu importe qu’elle ai des tentacules partout, j’ai vu des Hentaï pire que ça) et la musique déchire puissance 1000 alors autant rester… Et avant la fin des triolets ultra aiguisés et stylés ou encore du solo de guitare ultra badass, c’est trop tard : vous serez en transe et prêt à donner votre âme au premier démon venu.
Communion est un morceau majeur, l’une des plus grosses claques d’Horror Synth que j’ai entendu jusqu’à présent… Et c’est fait avec tellement de puissance et d’élégance pour le genre que j’en ai encore des frissons.
Agnus Dei Electricitus Draconem
Le regard encore perdu, Shadow a pris la suite. Difficile de passer après un tel choc sonore, mais les arpèges fous ont réussi à me sortir de mon hébétude et à me relancer à l’attaque de cette dernière partie de l’album. Avec ses voix fantomatiques effacées et son orgue, cette piste a quelque chose d’onirique, ou plutôt de cauchemardesque. C’est le genre de voix qu’on a pas vraiment envie de suivre lorsque l’on les entends la nuit.
Fire commence par un crépitement, qui grandit avant d’exploser en ligne de basse syncopée d’une grande élégance là encore. En utilisant cette ossature bien lourde et speed, Electric Dragon va broder une tapisserie représentant une scène d’action médiévale… Un combat contre un démon ? Ou alors une course poursuite style Outrun mais à cheval. De l’Outrun équestre. Voilà le genre de trucs qu’Electric Dragon peut faire, c’est dire la puissance du bonhomme !
En attendant, ça galope bien et ça déchire.
Pour finir, Redemption va-t-il nous ramener un peu vers la lumière ? Définitivement moins sombre que les autres morceaux, il reste bien Heavy (et Heavy Metal avec ce solo de guitare plein de feeling !). A l’image d’un générique de fin de film des années 80, il nous laisse sur une dernière impression épique et badass.
Épuisé, l’auditeur, comme un héros de cinéma, fait face au soleil levant, laissant derrière lui la nuit et ses horreurs… au moins pour quelque temps.
Félicitations : vous avez survécu.
Ne faite pas ces têtes d’enterrement…
Vous l’aurez compris, Communion est un chef d’oeuvre à côté duquel vous ne pouvez pas passer si vous aimez la DarkSynth ou l’Horror Synth.
C’est sur, ce n’est pas un “Feel Good Album” : destructeur, effrayant, chaotique, même dans ses instants de calme on n’arrive jamais à se sentir en sécurité tant l’atmosphère est pesante. Mais c’est ça qu’on aime non ?
Comme Covenant avant lui, son ambiance Dark Fantasy unique sur la scène DarkSynth nous fait voyager vers d’autres contrées bien loin des habituelles villes Cyberpunks. Sombres donjons, monstres tentaculaires, Dragons, cultistes dégénérés et rituels païens… Le résultat est d’une intensité rare tant Electric Dragon a su alourdir encore plus sa signature sonore et jouer des contrastes avec des passages plus ambiants.
2018 commence en fanfare avec une telle offrande. Longue Vie à Electric Dragon, le Roi Noir du DarkSynth ! IA !