Gregorio Franco se la joue pas très optimiste avec Apocalypse Prime
Je l’attendais cet album… Oh que oui. Depuis la sortie du Single The Void Knows Your Name à Noël de l’année dernière puis à celle de Eternal Nightmare fin Mars. 10 mois d’attente fébrile rendue encore plus difficiles avec la tuerie que Gregorio Franco nous a préparée pour notre compilation 30 Years Later où son Seigyo No Sakkaku a fait des ravages.
Alors oui, je sais, entre temps notre gaillard n’a pas été inactif.
Gregorio Franco est un artiste aux nombreuses facettes et aux tout aussi nombreux talents : il a sorti un extraordinaire hommage au jeu vidéo Megaman en 2 volumes et un très bon album un peu à part de Space Synth intitulé Quantum Memories histoire de varier les plaisirs…
Sans parler de ses nombreuses apparitions en live aux U.S. et de son side project de Dungeon Synth Dronn…
Mais c’est vraiment la suite de The Dark Beyond que j’attendais : lourd, violent, terrifiant. Et je vous rassure direct, l’attente en valait la peine.
Le Cri des Etoiles
C’est avec une intro grandiloquente à la mesure de la patate que vous vous apprêtez à recevoir que commence l’album : The Great Annihilator est une lente descente dans les tréfonds du DarkSynth qui assume entièrement ses racines Horror Synth.
Puis c’est The Kill Switch qui ouvre le bal sous un martèlement assourdissant de caisses claires avant que la mélodie ne vienne se poser en mode tapis de bombes. Les BPMs ne sont pas si rapides, mais l’intensité et la lourdeur des claviers seront largement suffisant pour vous coller K.O.
A ce moment là, le doute n’est plus permis : on n’est pas là pour rigoler et on va prendre cher.
Et non, je ne parle pas de la chanteuse.
Et justement, Dimension of Pain continue à toute vitesse comme un TGV fantôme qui aurait échappé à tout contrôle. Plus rien n’existe d’autre que l’écrasante ligne de synthé de basse, la 6 cordes destructrices et les growls maléfiques, une démarche qui rappelle un peu Gost.
Le hasard fait bien les choses, on parle du grand méchant GosT et l’ouverture de Ruination pourrait rivaliser en violence avec celle de son Garruth. Mais juste après, plutôt que d’enchaîner avec du Tremolo “Trve” Black Metal, il assène un riff percutant ultra efficace à s’en décrocher la nuque. Un morceau incroyable qui va calmer même les oreilles les plus costaudes.
Taillé pour mettre la fosse en ébullition, le plus sautillant mais tout aussi bourrin The Blind Dead pourrait être un hit dans une boîte de nuit infernale où Freddy Krueger serait le DJ résident. Sur ce morceau, on se rends réellement compte de l’ampleur que peuvent avoir les morceaux de Gregorio Franco en live et aussi pourquoi il devient de plus en plus populaire après chaque prestation. Pas le temps de niaiser : Laid To Waste remonte le tempo et sort les blast beats synthétiques pour vous écraser la tronche jusqu’à ce qu’elle soit bien incrustée dans le trottoir. Fin.
Le Broyeur d’Os
Ou pas. Heureusement, il en reste encore sous le capot de cet album, et en particulier les 2 singles que je connaissais et adorais déjà. Après l’interlude Charon’s Dance aux accents marqués de Space Synth (clin d’oeil à Quantum Memories ?), le célèbre passeur d’âmes laisse la place au cauchemardesque Eternal Nightmare.
Dire que cette piste est lourde est un doux euphémisme. Elle a déjà fait ses preuves dans nos selec’ et a déjà probablement plusieurs blessures voire même meurtres à son actif. Je suis tellement heureux de pouvoir constater que ce single (et The Void Knows Your Name aussi) aient pu trouver une place dans un album à leur hauteur ! Bravo !
Kuuvalgus (pour Clair de Lune en Estonien ?) revient à l’Horror Synth musclée en posant un décor plus mystérieux… Et en parlant de mystère le titre RCW-47357 en restera un pour moi ! J’ai beau me creuser la tête, je ne vois pas vraiment ce qui se cache derrière…
Mais ça ne dois pas être joyeux parce qu’on se retrouve carrément dans du DarkSynth aux relents fétides de Doom Metal pourrissant bien lent et bien cracra, la faute à une guitare d’outre-tombe à réveiller les morts. A titre perso, j’adore ce morceau. J’aime quand c’est lourd, étouffant, et que ça sent la charogne. Et là, je suis servi !
Pour finir, The Void Knows Your Name calmera tout le monde, que vous l’ayez découvert l’année dernière ou que vous soyez des retardataires. Toujours aussi impressionnant, il fait office de bouquet final pour clôturer un album époustouflant.
Ce que je trouve amusant, c’est que à côté de certaines nouvelles compos (Ruination en tête), ce single qui m’avait laissé sur le carreau il y a un an me semble presque calme aujourd’hui !
Ha attendez, il y a un dernier bonus : une cover de Just One Fix de Ministry à la sauce Gregorio Franco, c’est à dire un poil plus lent (il me semble ? J’ai un doute), avec quelques nappes de synthés typées orgue pour accompagner l’infatigable guitare de bûcheron qui tronçonne non stop. Un superbe hommage à un vieux morceau qui était en avance sur son temps (l’album Psalm 69 est sorti en Juillet 1992, putain 26 ans déjà).
Devastator
Dans la grande famille du DarkSynth, nombreux sont les membres qui cherchent à casser les frontières entre Metal et Synthwave, que ce soit Carpenter Brut pour le Heavy bien 80’s, GosT pour le Black, Perturbator qui se tourne vers un Indus très très noir foncé lui aussi ou même d’autres artistes comme Carbon Killer qui insufflent une énergie Metal à leur compos sur scène avec un Live Band complet.
A partir de maintenant, il faudra compter avec Gregorio Franco. Ajoutant des éléments de Trash et de Heavy Metal moderne à son DarkSynth, il démoli tout sur son passage comme un robot géant avec des rouleaux compresseurs à la place des pieds. Et il ne faut pas non plus zapper son aptitude pour le Doom entrevue sur RCW-47357 !
Apocalypse Prime est la suite logique de The Dark Beyond, mais c’est aussi une superbe évolution. Se détachant du carcan devenu un peu étroit du DarkSynth “classique”, Gregorio Franco pousse l’expérience plus loin et parvient à se forger un nouveau son unique sur la scène. Félicitations !
Et oui, tous les intertitres sont bien des références à des noms de Transformers.
Parce que Apocalypse Prime / Optimus Prime…
Tout ça pour ça. Je suis désolé les gars. J’ai pas trouvé mieux.
Mais c’est pas grave écoutez l’album, c’est une tuerie et c’est tout ce qui compte.