Une fois n’est pas coutume, Synthspiria relance sa machine à interviews qui était à l’arrêt depuis pas mal de temps désormais. Et pour reprendre de l’activité, on attaque fort avec un des pionniers du mouvement et du genre, j’ai nommé Carpenter Brut !
Carpenter Brut, un artiste qui n’est désormais plus vraiment nécessaire de présenter pour tous les amateurs de la scène Synthwave , tant son influence et sa musique ont grandement contribué à l’expansion et au succès du genre, notamment du côté Darksynth.
Après la compilation Trilogy en 2015 réunissant ses trois premiers EP (sobrement intitulés EP I, EP II et EP III), un premier album Leather Teeth sorti en 2018 mêlant Electro, Hard Rock 80′ et Glam Metal, ainsi qu’une première bande originale pour le moyen métrage Blood Machines, Carpenter Brut s’apprête à faire son retour dès l’année prochaine avec un nouvel album, Leather Terror… l’occasion d’en savoir un peu plus au cours d’une interview !
Ingénieur du son de métier issu de la scène Metal et réunissant un public large, de la scène électronique à celle du Heavy Metal, Carpenter Brut nous a gentiment accordé de son temps pour répondre à nos questions où il y dévoile sa vision de la musique, son rapport à la scène, sa collaboration avec Seth Ickerman sur Turbo Killer et Blood Machines, ses lives et concerts, et enfin le futur de Carpenter Brut !
Salut CB ! Commençons dans le vif du sujet, depuis le début, Carpenter Brut n’ose jamais trop se montrer, ni dévoiler sa vie privée, en dehors des projecteurs. Tu distribues ta musique de façon indépendante via ton label No Quarter Prod. Une envie de fuir le “star-system” ? Une façon de faire passer ta musique avant la personne derrière celle-ci je suppose ?
Le fait d’avoir mon propre label me permet d’être complètement libre, de faire ce que je veux, et surtout quand je veux. Quand j’ai commencé et que la question de trouver un label s’est posée, je ne voulais pas perdre mon temps à envoyer des démos dans le vent que de toute façon personne n’écouterait. Donc indépendant artistiquement et financièrement, mais pour la distribution je travaille avec Caroline/ Universal, parce que mettre des disques en magasin c’est bien la seule chose qu’un indépendant ne peut pas faire aussi facilement que le reste. Si je veux que les gens puissent trouver facilement les disques, je dois passer par ce genre de structures. Ils sont cools et bossent très bien donc c’est parfait pour moi.
Suite à cela, et avec le succès que tu connais désormais, tu te dévoiles un peu plus au public tout en gardant tes réserves ? Comment tu l’appréhendes ?
Disons que par la force des choses, j’ai été obligé de me montrer sur scène. Or, c’est quelque chose que je ne voulais pas faire au début du projet. Et ce n’est toujours pas quelque chose que j’aime le plus. J’ai quand même vécu des moments exceptionnels mais je préfère rester chez moi à bricoler dans mon studio plutôt que d’être dans un bus à faire des milliers de kilomètres. Mais pas mal de gens sont contents de venir se défoncer aux concerts donc j’essaie de prendre sur moi et de faire en sorte qu’ils repartent satisfaits. Donc fatalement, j’ai dû me dévoiler un peu plus, mais globalement j’essaie de rester planqué au maximum, et d’être discret. J’aime être tranquille.
[…] ça m’intéressait de partir dans cette voie là, mélanger du Metal tout en gardant le côté néon et californien de la Synthwave. Ça me semblait une bonne idée. Ça me le semble toujours d’ailleurs.
Dans un documentaire pour TCM Cinéma sur John Carpenter, je me souviens que tu présentais ta musique d’une manière assez simple : un mélange de Justice et de musiques de films et séries des années 80, John Carpenter en poupe. Depuis, tes nouvelles sorties et ton évolution, comment tu caractériserais désormais ta musique ? Surtout depuis Leather Teeth qui se détache un peu de ce que tu faisais avant.
J’aurai toujours du mal à décrire ce que je fais, c’est plutôt le travail des journalistes ou des auditeurs. Si tu me dis “Synthwave” moi ça me va. C’est toujours un peu compliqué de donner un style à une musique qui est souvent faite de pleins d’influences. En tout cas oui, l’idée de base était de mélanger Carpenter et Justice. Mais ça c’était il y’a huit ans, et évidemment la musique évolue, moi aussi, les gens, la société etc… Leather Teeth a donc été une étape musicale de plus, j’ai pris goût au glam rock des années 80. Genre un peu honteux pendant toutes les années 90 et 2000 quand Nirvana a tout explosé avec le grunge. La dépression a remplacé la fête et la baise. C’est comme ça, haha. Mais ça m’intéressait de partir dans cette voie là, mélanger du “metal” tout en gardant le côté néon et californien de la Synthwave. Ça me semblait une bonne idée. Ça me le semble toujours d’ailleurs.
Lorsque tu composes, à quel moment juges-tu que c’est bon, tu peux te lancer dans telle direction ou autre ? Une question de feeling à l’instant T ? Ou recherches-tu précisément quelque chose lors de la composition ?
Il y’a plusieurs étapes quand je commence un album. Je compose tout et n’importe quoi. Pour le prochain, j’ai dû composer trente ou quarante bribes de morceaux. Et puis je laisse couver quelques temps. Quand je réécoute avec le recul je vois quels morceaux méritent de s’y attarder. Bien souvent c’est naze, haha ! Après ça, je cherche un point commun à tout ça, j’écris une histoire, je bosse les sons et je termine le morceau. Donc je juge qu’un morceau est bon quand je travaille beaucoup dessus, et je juge qu’il est terminé quand j’estime que j’ai tourné dans tous les sens toutes les possibilités et que ça ne pourra pas donner mieux que ce que j’ai fait. Mais tout en sachant que c’est de la merde et qu’on a jamais le niveau qu’on voudrait, haha. C’est fatiguant pour la tête, à toujours douter, remettre en question etc… Mais quand tu réécoutes le morceau fini deux ans après, tu te dis “ok j’avais quoi en tête quand j’ai fait celui là”. C’est aussi ça la beauté du truc, ne pas se reconnaître dans sa propre musique.
Qu’est-ce qui fait qu’un morceau de Carpenter Brut est terminé et réussi ?
Ça n’arrive jamais ça, ce sont les auditeurs qui le finissent, qui lui donnent une identité et qui le trouvent bien ou nul, tu vois ce que je veux dire. C’est le public qui fait un succès ou un bide. Mes morceaux préférés de CB sont ceux qui ont le moins d’écoutes.
Selon toi, comment expliques-tu le fait que ta musique réunit deux publics complètement différents, celui du metal et de la scène électronique. Et, alors que tu fais de la musique électronique, c’est pourtant la scène metal qui est le plus souvent au rendez-vous. J’avais par exemple fait le festival Nordik Impakt en 2016, festival très orienté Techno où tu y étais programmé, mais le public n’était pas très au rendez-vous et réceptif… Enfin c’est ce que j’avais ressenti durant le concert malgré mon état second.
Je ne suis pas sûr d’être très connu dans la scène électro, ou même apprécié. Mais c’est pas un souci, c’est comme ça. Globalement oui, il y a pas mal de metalleux, et de gamers aux concerts mais des purs fan d’electro, je ne crois pas. Les gens sont attirés par la nouveauté et sûrement qu’à l’époque, dans la scène metal, ça stagnait un peu et ce que je faisais a apporté un peu de fraîcheur. Mais encore une fois, mon but n’était pas de faire du metal v3.0 mais de l’électro. De l’électro fait par un metaleux c’est peut-être ce qui a plu, je ne sais pas.
Depuis Leather Teeth, qui a des influences très orientées vers le metal, du moins bien plus marquées, et notamment le glam metal, as-tu d’autres pistes à envisager pour tes prochains projets ? Ou bien vas-tu continuer dans la lancée de Leather Teeth ?
Non le prochain sera moins glam et un peu plus sombre, sans pour autant revenir au son des débuts, j’en suis bien incapable, sûrement parce que je n’ai pas envie de refaire la même chose. C’est du passé, il faut évoluer. Mais globalement, même si j’expérimente des choses pour le prochain tu retrouveras les quatre seuls accords que je connaisse haha ! Peut-être que mon travail sur Blood Machines va un peu imprégner le prochain album d’ambiances orientées musiques de film. On verra. Ce n’est pas pour tout de suite de toute façon. Ça a le temps de changer mille fois.
Le documentaire Rise of the Synths est sorti et tu y fais une apparition pour donner ton ressenti sur ce mouvement qui était destiné à s’essouffler et qui pourtant perdure toujours. Cela fait quelques années déjà, mais qu’est-ce que tu penses du mouvement Synthwave aujourd’hui, en 2020, avec le recul désormais ? Y vois-tu une un genre qui s’est essoufflé, qui est en train, ou alors une évolution avec d’autres genres musicaux pour arriver à une forme de musique électronique, quelque peu hybride, le cul un peu entre deux chaises avec des influences “rétro”, avec l’usage caractéristiques de synthétiseurs, etc ?
Je ne sais pas qui a dit que le mouvement était voué à s’essouffler mais je n’ai pas l’impression que ce soit le cas. Je pense qu’il aura la longévité et la qualité qu’on voudra bien lui donner. Quand tu vois l’orientation graphique et un peu musicale de The Weeknd par exemple, ça a même l’air d’être une tendance mainstream. C’est cette tendance là qui s’essoufflera. Les mecs trouveront à piller des nouveaux genres comme ils font depuis toujours. Par contre tu auras toujours ce noyau de fans et de musiciens qui feront toujours cette musique. Je pense surtout que la scène évoluera, comme n’importe quelle autre. Des artistes viendront mettre des coups de pieds pour casser les codes, et d’autres voudront les respecter à la ligne. Tout me va, je m’en fous, du moment que tout le monde y trouve son compte.
Pour pas mal de monde le mouvement était une mode des années 2010, comme une réaction nostalgique, un truc né sur internet et qui était donc voué à disparaître. Des artistes de la première heure sont d’ailleurs passés à autre chose, d’où mon interrogation. Après, nous sommes sommes toujours là pour parler du genre avec Synthspiria, bien que l’évolution est présente. A ce sujet, pour toi, la Synthwave, c’était mieux avant ?
Non, pas forcément. Cela dit je n’en écoute pas beaucoup. Et j’ai l’impression que globalement on est toujours un peu dans le même délire musical qu’il y’a cinq ou dix ans non ?
Le délire est toujours aussi présent c’est vrai ! Par ailleurs, as-tu conscience d’avoir influencé une bonne partie de la scène avec Perturbator notamment, dans tout ce qu’on classe dans la partie Dark de la Synthwave : la Darksynth ? Te considères-tu comme un pionnier de ce genre ?
On me le dit des fois, mais comme je ne me tiens pas trop au courant de ce qui sort je n’ai pas tant l’impression que ça. Et puis quand bien même ce serait le cas, c’est pas ça qui m’aidera à composer le prochain album, haha ! Mais comme on dit souvent, si ça donne envie à des jeunes de faire de la musique alors c’est parfait.
Je pense faire un coffret cool à la fin de la “Leather Trilogy”, donc il n’est pas impossible qu’il y ait un Blu-Ray ou un live pour clôturer les trois albums, comme pour la première trilogie par exemple.
Parlons un peu de tes lives. Je t’avais vu pour la toute première fois au festival Terra Incognita en 2015, dans une petite ferme… 5 ans déjà ! Comment vis-tu l’évolution de Carpenter Brut depuis ? De passer à une petite scène, à plusieurs milliers de personnes, à de gros festivals et de plus grandes salles… Compliqué à appréhender ou alors cela s’est fait tout seul ? Ta relation avec le public a-t-elle évolué, entre les aficionados de la première heure et maintenant par exemple ?
De mon point de vue ça n’a pas été simple du tout. Comme je te disais, je ne suis pas fait pour la scène, ce n’est vraiment pas mon élément. Sur scène Il faut “paraître” plus “qu’être”. C’est un spectacle, il y a un donc un équilibre à trouver entre avoir une stature et être naturel. Je ne pense pas en être encore arrivé au stade où je suis à l’aise. J’ai toujours l’impression de pas être en place, de ne pas savoir quoi faire etc… Je ne suis pas expansif dans la vie, et c’est bien sur scène que tu dois l’être le plus. On m’avait fait le reproche une fois, en disant qu’on avait l’impression que je me faisais chier, alors que c’était plutôt que je ne savais pas comment me comporter. Et c’est déjà difficile devant trois cent personnes, donc devant trois mille c’est encore pire. Tu ne veux pas décevoir donc tu te mets de la pression supplémentaire. Rajoute à ça la technique qui implique un gros show avec pas beaucoup de moyens, en espérant que l’ordi ne plante pas, que les synthés ne partent pas en couilles etc… C’est beaucoup de pression je trouve.
Après CARPENTERBRUTLIVE en 2017, il y a-t-il d’autres projets de ce même style ? Un autre album live prévu ? Un projet du même acabit de Release Party d’ARTE Concert ?
Non pas pour le moment. Je pense faire un coffret cool à la fin de la “Leather Trilogy”, donc il n’est pas impossible qu’il y ait un Blu-Ray ou un live pour clôturer les trois albums, comme pour la première trilogie par exemple.
Au sujet de Release Party d’ARTE Concert à l’occasion de la sortie de Leather Teeth, peux-tu nous en dire plus ? Comment ça s’est fait et est venu l’idée ? Quelle a été la genèse du projet ? La collaboration avec ARTE Concert ?
C’est une proposition de leur part. J’étais un peu réticent au début parce que pour le coup il y avait zéro moyens, mais franchement ils ont fait un boulot génial, ça rend super bien, la petite histoire est cool, les gens qui sont venus s’amuser ont vraiment fait le taf, et il a été vu pas loin de six cent milles fois donc c’est vraiment super correct. Je ne sais pas si je referai quelque chose dans le genre, mais en tout cas j’en garde un bon souvenir.
Tout cet esprit collège, pom-pom girls, le BG sportif du lycée, etc. Tout ce qui ressort de l’horror teen movie américain des années 80, c’est une culture qui j’en suis sûr te parle énormément. Qu’est-ce qui te fait vibrer dans tout ça, au-delà de la nostalgie très présente ? Une expérience ou un film en particulier qui t’a marqué et agit tel un manifeste de tout cette culture ?
La vraie nostalgie je l’ai plutôt en regardant les Goonies, je m’identifiais pas mal à Data à l’époque. J’adore les mecs qui bricolent des trucs. C’était mon passage préféré dans les épisodes de L’agence Tous Risques, haha. J’étais aussi gros fan de films d’horreur. Tu ne peux pas passer à côté de tous ces clichés, la pom-pom girl, les étudiants perdus dans la forêt ou bourrés à une soirée qui finiront décapités, etc… J’ai grandi avec ça, ça reste un truc fun. C’est complètement inutile et ça sert à rien, mais j’adorais les effets spéciaux. J’essayais de les refaire en bricolant du faux sang etc… J’ai deux trois films qui m’ont vraiment éclatés comme Bad Taste, Street Thrash ou le premier Vendredi 13. J’adore ces films.
Avec le COVID et le confinement, une envie particulière de revenir sur scène ? Sous une forme particulière ? C’est une période que tu as bien vécu ?
Non. Je n’ai même pas pensé a faire des live en streaming, ce genre de trucs. J’ai vraiment kiffé cette période malgré tout. Pas d’autre choix que de bosser. Et puis personne sur la route, c’est priceless haha ! Et même si cette phase est un peu flippante malgré tout je suis sûr que plein de musiciens te diront la même chose, haha.

D’ailleurs, en live, tu es accompagné de tes acolytes Adrien Grousset et Florent Marcadet du groupe de Death Metal progressif HACRIDE. As-tu prévu de modifier ton set-up live sur une éventuelle prochaine tournée ? Une nouvelle scénographie, ou une envie de le faire peut-être ?
Je pense que l’on pourra rester à trois pour les concerts, jusqu’ici la formule marche bien et je ne suis pas persuadé qu’un autre musicien soit nécessaire, sauf si je voulais alléger les pistes d’arrangements pour qu’elles soient jouées live. Mais est-ce que ça servirait l’expérience ? Pas sûr. Pour la scéno je pense arrêter le mur de LED et les passages de films. C’est vraiment une usine à gaz à installer, même si ça rend super bien. Mais je l’ai toujours trouvé trop petit. J’aurai préféré un truc énorme qui prend toute la scène, mais je suis pas encore en mesure d’avoir tout ce que je veux, donc il faut ruser ou trouver d’autres alternatives. Et puis je ne remplis pas les stades et il faut que les dépenses soient au moins égales aux rentrées, et un mur de LED c’est cher.
Et malgré la situation, quels sont les prochains événements prévus ?
Rien n’est prévu.
Je crois foncièrement que la musique de film c’est un truc pour moi. Je pense que je finirai un peu comme Reznor ou Junkie XL. C’est vraiment quelque chose que j’aime faire.
Parlons un peu d’un autre gros projet, Blood Machines du duo Seth Ickerman, qui a fait sa tournée de festivals et commence à être distribué au grand public en SVOD. En 2016, tu collaborais déjà avec ce duo de réals sur le clip du titre à succès Turbo Killer. Pourrais-tu nous en dire plus sur cette rencontre ? Comment cela s’est fait ? Est-ce que tu étais pleinement impliqué dans le clip, ou tu as laissé carte blanche à Seth Ickerman ?
L’Etrange Festival à Tours m’avait contacté pour utiliser ma musique, en me disant que le teaser serait réalisé par Seth Ickerman. En fouillant et en voyant le teaser j’ai pris une claque. Je les ai contacté pour un clip. Je n’avais pas beaucoup de finances malheureusement, mais ils ont donné tout ce qu’ils avaient et je ne les remercierai jamais assez pour ça. J’espère qu’un jour on leur proposera un projet super bad ass. Ils le méritent.
Plus tard, Blood Machines, moyen-métrage servant de prequel à Turbo Killer où tu y fais la bande-originale est arrivé. Comment as-tu composé la musique du film ? En amont ? Sur quelques notes d’intention ou d’ambiance appuyant le scénario ? Ou bien avec des images du film ?
Le thème était un morceau que j’avais composé pour Leather Teeth mais je ne lui trouvais pas sa place sur l’album. Donc je l’avais laissé tomber. Et puis quand j’ai commencé à bosser sur la B.O je me suis dit que ça pourrait coller à l’ambiance globale et c’est parti comme ça. Je l’ai évidemment beaucoup retravaillé mais je suis parti de la ligne d’arpégiateur du début. J’ai composé tout le reste entre septembre 2018 et août 2019 de mémoire. J’étais en tournée en même temps donc c’était vraiment le bordel. En plus le film étant gavé de VFX, je ne travaillais qu’avec les images live sans effets ou avec du storyboard deluxe animé en 3D. Donc pas vraiment facile de se projeter. J’ai découvert le film terminé grosso modo quand les projections dans les festivals ont commencé.
J’imagine, c’était quasi à l’aveugle quoi ! A ce sujet, ta musique s’inspirant de la musique de films des années 80, cela fait quoi de faire à son tour de la musique pour un film ?
Je crois foncièrement que la musique de film c’est un truc pour moi. Je pense que je finirai un peu comme Reznor ou Junkie XL. C’est vraiment quelque chose que j’aime faire. Même si ça été dur pour moi avec les Seth parce que nous sommes des têtes de mort à fort caractère qui ne lâchent rien haha, l’expérience est malgré tout enrichissante, et j’ai beaucoup appris en bossant sur ce film.
Carpenter Brut à la B.O. dans les années 70 et 80, ça donnerait quoi ?
Haha j’en sais rien, j’essaierais sûrement de faire du mauvais Mozart avec un DX7 ?
Avec Turbo Killer et maintenant Blood Machines, tout un univers lie Carpenter Brut à Seth Ickerman, il y a-t-il d’autres projets dans cet univers que tu aimerais faire ?
Non je pense que pour ma part on a bien travaillé le concept et chacun a fait le tour de la question. Nous retravaillerons peut-être ensemble, avec plaisir, sur quelque chose de différent, peut-être un clip qui ne durera pas cinquante minutes cette fois haha, ou sur leur film si le cœur leur en dit. Tout est ouvert. Et puis même si Turbo Killer est mon morceau le plus connu, j’ai quand même commencé une nouvelle trilogie même si tout le monde s’en tape haha ! Il faut donc passer à autre chose.
Ta musique est parfois inclus à d’autres médium comme les jeux Furi, Hacknet, The Crew, Hotline Miami 2 ; les films The Editor et Night Fare… Un trailer pour la saison 5 de Samurai Jack, et parfois même des formats assez inattendus, comme une publicité AdopteUnMec. Es-tu sélectif sur les différents projets qui font appel à toi et ta musique ? As-tu déjà reçu des demandes que tu as refusé pour des raisons assez particulières, voire farfelues ?
Quand on reçoit des propositions on regarde si ça respecte mes règles, donc évidemment tout ce qui peut être raciste, misogyne etc ça dégage. Mais je n’ai jamais eu de demande en ce sens, et la fois où des suprémacistes blancs ont utilisé un de mes morceaux pour leur vidéo de merde, cela a été évidemment fait sans mon consentement, tu imagines bien. Donc mis a part cette très mauvaise expérience, généralement ce sont souvent des étudiants en cinéma qui me contactent pour leur film de fin d’études, et bien souvent je leur dis “OK” parce que je n’y vois pas d’inconvénients, et je trouve ça cool. Mais sinon de mémoire non.
Je pense continuer Carpenter Brut aussi longtemps que j’en aurai envie et je signerai sûrement les B.O de films avec ce nom si j’en fais d’autres.
Concernant la suite de Carpenter Brut, quels sont tes prochains projets ?
Leather Terror qui j’espère sortira fin 2021. J’ai pris pas mal de retard, parce que je n’ai pas encore la grosse ligne directrice musicale. Je suis encore dans la recherche. J’ai quelques morceaux mais quand je les fais écouter on me dit “putain on dirait pas du Carpenter Brut” haha ! Il y aura encore des déçus, désolé.
Carpenter Brut et toi, c’est pour la vie ? Ou bien des idées de side-project ?
Oui et non. Je pense continuer Carpenter Brut aussi longtemps que j’en aurais envie et je signerai sûrement les B.O de films avec ce nom si j’en fais d’autres. Donc ça peut durer longtemps oui. Des concerts, non je ne pense pas tourner longtemps encore. Mais je referai quelques dates, pas d’inquiétudes. Et j’ai un ou deux side project qui vont peut-être voir le jour l’année prochaine, mais tout dépendra des agendas des autres membres, mais ça peut être sympa à faire. Mais ce n’est ni ma priorité ni la leur pour le moment. Cela n’aboutira peut être que sur un EP ou deux morceaux. On verra. Laissons-nous vivre héhé.
Une envie particulière de collaborer avec une personne ou un groupe sur un prochain morceau ?
Non pas spécialement. J’ai déjà fait des feats pour le prochain album avec des gens avec qui j’avais envie de bosser, plus les feats sur l’album précédent. Je suis plutôt content de tout ça. Tu sais bien qu’on ne sait jamais ce que le futur nous réserve, alors je préfère ne pas trop en dire de peur d’être déçu.
C’est sûr. Enfin, pour finir sur une petite question musicale personnelle comme on en a l’habitude chez Synthspiria… ton morceau du moment ?
Duchess de Genesis !
Merci beaucoup CB !
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